mardi 25 novembre 2014

Molluscum Contagiosum Exitum



J’ai passé tellement de nuits blanches à parcourir l’internet mondial à la recherche de remèdes miracles pour soigner les molluscum contagiosum que je ne résiste pas à l’envie de poser ici la solution que j’ai fini par trouver, pour les suivants.

En bref, le molluscum contagiosum est un virus bénin qui touche le plus souvent les enfants en bas âge (avant 4 ans) dont les défenses immunitaires ne sont pas encore assez costauds pour y résister. Il provoque l’apparition de petites « verrues » (d’aspect seulement car ce ne sont pas des verrues, mais de petites excroissances cutanées) qui sont très contagieuses, qui se propage rapidement sur la peau du porteur du virus ou celle de ses petits camarades. L’affection disparaît souvent vers 5/6 ans avec la maturation du système immunitaire. D’après les dizaines de milliers de témoignages que j’ai lu (ou presque), elle prend des formes très différentes selon les enfants : certains auront 3 ou 4 boutons, d’autres en sont couverts, certains sur le visage, d’autres sur le corps… Les papules ne sont pas douloureuses mais peuvent présenter une gêne, parfois des démangeaisons, et esthétiquement ne sont pas mirifiquement belles. J’ajouterai que ce virus porte le nom le plus ridicule de la galaxie.

Mon fils a commencé à avoir des molluscums à 2 ans. D’abord 1, puis 2, puis 3, de façon exponentielle, en 6 mois après il en avait une bonne trentaine, répartis partout sur le corps et le visage. Il faut savoir que le molluscum « mûrit », donc au bout d’un moment le bouton s’enflamme, rougit, puis perce et saigne un peu (c’est le moment où ils gênent le plus l’enfant car ils sont douloureux pendant 48h, quand ils sont enflammés). Le contact de ce sang sur la peau saine alentour provoque plus tard l’apparition d’autres vésicules à cet endroit, ce qui crée de petits foyers.

Le dermatologue m’avait fait acheter du Poxkare (cher et mal remboursé bien sûr) qui n’a pas marché du tout (de plus appliquer un produit qui « brûle » sur 30 petits boutons chez un enfant de 2 ans deux fois par jour, c’est franchement assez fastidieux).
Par la suite j’ai essayé l’homéopathie (avec un uniciste) qui n’a pas fonctionné non plus. J’ai essayé le vinaigre. J’ai essayé l’EPP. J’ai essayé l’homéopathie « sauvage » avec des granules de thuya et de je-ne-sais-plus-quoi (les bons conseils du internet), sans succès. J’ai essayé la phytothérapie avec un mélange d’huiles essentielles appliquées directement sur les boutons, résultat mon loustic s’est mis à hurler de douleur au bout de 5 jours en disant que ça brûlait.
Au final, j’ai tout arrêté, les médecins m’ayant dit que ça finirait par passer.

Mais 1 an plus tard, ils étaient toujours là, de plus en plus nombreux, de plus en plus gênants (à s’incruster dans des endroits délicats, paupières, testicules…).

Beaucoup de gens préconisaient le retrait à la curette, chez un dermatologue sous anesthésie locale. A raison de 3 ou 4 molluscums par séance, mon fils en aurait eu pour un moment, lui qui est complètement phobique des médecins, ça aurait été un cauchemar. On m’a parlé aussi d’acheter une curette et le faire moi-même, mais je me voyais mal lui en retirer autant sans que ce soit vraiment dur pour lui.

Finalement, excédée, un soir j’ai décidé d’essayer de lui percer. J’avais retenu que pour éviter la propagation il faut désinfecter soigneusement les alentours du molluscum percé, du coup pendant qu’il dormait un soir, j’en ai percé deux. Avec les doigts, doucement, pour ne pas le réveiller. De jour j’avais essayé mais dès que je posais la main sur lui il pleurait en disant qu’il avait mal (avant même que je fasse quoi que ce soit, il avait tellement peur de la douleur qu’il stressait d’avance). Les molluscums se percent très facilement, même les gros. Il faut sortir toute la « mèche », une fois que tout est retiré il y a une petite goutte de sang, que j’ai soigneusement désinfectée dans la foulée (hexomédine), en me lavant les mains entre chaque molluscum. Puis j’ai attendu quelques jours pour voir si ça ne laissait pas de cicatrice : une fois la petite croûte tombée, il avait une petite marque rouge qui restait dix jours, puis plus rien. Pas non plus de nouveau molluscum dans la zone traitée, pas de propagation.

J’ai donc décidé de les lui retirer comme ça. Tous les soirs j’en perçais 3 ou 4, à un endroit facilement accessible selon sa position pour ne pas avoir à le manipuler et risquer de le réveiller, en prenant les mêmes précautions d’hygiène. Il ne s’est jamais réveillé, tout au plus il a parfois grogné en se retournant. Il ne s’est jamais plaint de douleurs au réveil ou le lendemain, il semble n’avoir rien remarqué. Je lui ai expliqué à plusieurs reprises pourquoi les boutons disparaissaient et comment je faisais, il n’a pas semblé gêné et ne m’a pas demandé d’arrêter. Il était soulagé qu’ils disparaissent enfin, après les multiples techniques testées.
J’ai continué jusqu’à les éliminer tous, progressivement, y compris les plus sensibles (contour de l’œil, zone génitale). Parfois un seul si je sentais que son sommeil était perturbé par mon intervention.

Résultats, en quelques semaines il n’avait plus rien. Suite à ça il a eu 3 ou 4 molluscums qui ont réapparu, auxquels j’ai réservé le même traitement, puis plus rien. A 3 ans et demi c’était fini, plus une trace, pas de cicatrices, et son petit frère n’a jamais été contaminé (moi qui pensait inévitable qu’il en attrape, ils prennent le même bain, dorment l’un contre l’autre…).

Si c’était à refaire, je le referais directement, je ne perdrais plus autant de temps avec les médecins, les produits inefficaces et chers, et même les solutions naturelles qui sont contraignantes et peu efficaces. A l’époque (c’était il y a un an) j’aurais aimé trouver ce genre de conseils, qui m’auraient rassurée (au lieu des habituels « han ne le fait surtout pas toi-même, il faut une anesthésie locale, et ça laisse des cicatrices, attention »). Mon expérience servira peut-être à d’autres.

jeudi 20 novembre 2014

Tu seras un homme, mon fils.



D’une certaine manière, être devenu la mère de garçons a considérablement renforcé mon féminisme.

N’en déplaise aux anti-djendeurs (de mes fesses), l’ABCD de l’égalité, c’est bénéficier des mêmes droits et des mêmes chances qu’on soit garçon ou fille ou autre, mais c’est aussi de développer ses goûts personnels et effectuer ses choix en fonction de ce qu’on aime et qui nous attire, indépendamment de ce que la nature a mis entre nos jambes.

En tant qu’individu de sexe féminin, j’ai pu constater personnellement depuis l’enfance les limites que la société mets aux femmes : elles sont aujourd’hui évidentes et reconnues (sauf par les décérébrés pour tous), la prochaine étape est de les combattre (pour de vrai) : violences sexo-spécifique, discrimination au travail, limitation de la liberté dans l’espace public, atteinte à la liberté de disposer de son corps, j’en passe et des meilleures. Je n’avais en réalité jamais pris la mesure des limitations et des violences sexo-spécifiques que la société oppose aux individus de sexe masculin.

Etant donné que je ne ponds que des garçons, passée la phase « je vais les élever dans le respect des femmes et de l’égalité des sexes », comme si s’agissait de petits antagonistes automatiquement destinés à opprimer les individus de sexe dit féminin, j’ai dû me rendre à l’évidence : les petits garçons sont tout particulièrement pressurisés par la société pour devenir de parfait petits hommes, et vite sivôplé.
Cette atteinte à leur identité de petites personnes en construction est d’une violence absurde : sitôt sorti du berceau, un garçon doit adopter un comportement d’homme, dénué de toute ambiguïté.

Si si Messieurs-Dames, je vous assure, il ne se passe pas une semaine sans qu’on me demande si je n’ai pas peur que mes fils deviennent homosexuels (et déjà c’est quoi cette question…).

Pourquoi ?
-          - Mes deux garçons portent les cheveux longs.
-          - Certains de leurs vêtements sont roses, violets, et horreur, parfois ils mettent des barrettes. A PAILLETTES.
-          - Leur jouet préféré pour sortir ? Des poussettes pour poupon. Sans poupon (pour faire la course le poupon n’est apparemment pas pratique).

La deuxième question est quasi invariablement « mais pourquoi vous ne leur coupez pas les cheveux ? ».
Ben parce qu’ils n’ont pas envie tiens ducon. Ils aiment leurs cheveux longs, j’aime leurs cheveux longs (tellement lisses qu’ils n’y a jamais de nœuds, donc même pas de raison « pratique » de les pousser à couper). C’est quoi cette raison de merde, t’as pas envie mais coupe-toi les cheveux, t’as pas le droit c’est réservé aux filles ? Ça rend homosexuel ? HEIN ? J’essaie de leur apprendre des trucs utiles moi, pas de les rendre idiots à vie.

Mon aîné à 4 ans et demi. Oui à cet âge-là les demi ça compte, essayez pas d’oublier. C’est à ce jour ma plus grande fierté de maman, qu’il ne soit pas encore contaminé par la connerie ambiante. Oh ça va venir, je ne me fais pas d’illusions, mais aujourd’hui il choisit encore ses habits indifféremment chez les filles ou chez les garçons, il joue avec sa dinette ou ses dinosaures, il répond du tac-au-tac « chuis pas une fille, chuis un garçon, et lui c’est mon petit frère » aux 300 personnes par jour qui lui disent « bonjour mademoiselle ». 

Alors oui ça commence, les copains à l’école qui disent « t’as des bottes de fille », les « je veux pas de Hello Kitty c’est pour les filles ». Que je corrige, patiemment, chaque jour. Que je reprends systématiquement. Bien sûr qu’il aura besoin de se conformer à l’image que la société renvoie, parce que c’est important aussi de se sentir « comme les autres », mais il aura toujours un support, toujours une petite voix pour lui dire qu’il a le droit de faire comme ça le rend heureux. Qu’on s’en fout des autres. Qu’il est un petit garçon, quoi qu’il aime, quoi qu’il fasse, quels que soit ses amours. Et que ça ne veut pas dire grand-chose, être un garçon ou une fille. Il est drôlement triste de savoir qu’il n’aura pas de bébé dans son ventre quand il sera grand.

J’ai mes doutes aussi, quand il veut mettre sa jupe pour aller à l’école, j’ai peur de la violence des autres, des regards, des jugements. 

Il n’y a pas de confusion, c’est ça que les gens ne comprennent pas : on peut être un garçon et aimer le vernis à ongles, trouver les paillettes super jolies, et ne pas comprendre pourquoi on n’a pas le droit d’avoir ces choses comme les copines.
Bien que globalement dans la société aujourd’hui les femmes adultes soient flouées au profit des hommes, j’ai cette impression persistante que dans la petite enfance c’est l’inverse (dans nos pays développés). Loin de moi l’idée de hiérarchiser les injustices, comme truc inutile ça se pose là.

Quand une petite fille adopte des attitudes, comportements, goûts jugés masculins (vêtements pas à la mode, cheveux courts, grimper aux arbres, jouer aux pompiers etc), on va la qualifier de garçon manqué, et malgré tout le ridicule de ce terme, il n’est pas (plus) péjoratif. C’est presque une qualité, garçon manqué, c’est une fille qui n’a pas peur, qui force l’admiration, qui n’est pas superficielle (ça lui sera reproché plus tard, mais pas encore si tôt).
A l’inverse, un garçon qui aime le rose, qui pleure quand il est triste, qui veut se déguiser en princesse, qui préfère lire que jouer au ballon, on se pose tout de suite la fameuse question : est-ce qu’il ne serait pas parti pour être homosexuel cet enfant-là ?
Les autres enfants sont également beaucoup plus durs avec un garçon jugé trop féminin qu’avec une fille « trop cool » qui joue au foot (bien qu’ils ne le traitent pas directement d’inverti, ils se contentent de l’insulte « comme une fille »). 

Alors oui, avoir deux garçons m’a fait réaliser combien le premier challenge est de les aider à s’accepter eux-mêmes et à cultiver ce qu’ils sont, leur identité propre, à se détacher des attentes de la société propres aux garçons. Les rassurer quand les paroles des autres se font blessantes. Leur donner confiance en ce qu’ils sont, leur apprendre à répondre aux provocations, leur donner des armes pour se faire respecter. Je ne sais pas jusqu’où ils seront capables de résister à la pression, mais je ferai mon maximum pour qu’il puisse, le plus longtemps possible, pousser harmonieusement loin de la tentation du genre. Et finalement, j’en suis persuadée, c’est ainsi qu’ils respecteront tout naturellement les autres, indépendamment de leur sexe.